Mourir, Maurice Ronet (1927-1983) ne parut jamais s'en lasser. Tous les moyens furent bons pour l'inoubliable interprète du Feu follet . Mais Alain Delon eut beau le poignarder dans Plein soleil , le noyer dans La Piscine , Ronet eut tout de même le temps de crever l'écran. De Becker à Chabrol en passant par Louis Malle, René Clément et Michel Deville, il n'a cessé de cultiver un style unique, subtil alliage d'angoisse, de séduction et d'élégance. Alors, " que pouvait bien dissimuler ce visage inquiet ? Et cette voix blanche, lessivée ? " Près d'un siècle après sa naissance, Maurice Ronet n'en finit pas de fasciner les cinéphiles, et reste pour beaucoup un mystère.
Pour l'éclaircir, le comédien se confiait, à la fin des années 1970, à Hervé Le Boterf pour une série d'entretiens regroupés sous le titre Le Métier de comédien. Maurice Ronet y revient sur sa carrière, les réalisateurs et les acteurs qu'il a côtoyés, son rapport au jeu et au cinéma, et livre un témoignage unique sur son parcours .
Trente-cinq ans plus tard, Jean-Pierre Montal a interrogé ses complices et ses proches dans Maurice Ronet, les vies du Feu follet . Encensé par la critique à sa sortie, ce portrait-enquête dévoile, sur fond de flashes-back et de dialogues à bâtons rompus avec les survivants, une œuvre au noir inédite, habitée par la mémoire, le goût de l'étrange et l'esprit d'aventure .
Ces deux textes étaient devenus aujourd'hui introuvables : ils dessinent pourtant un portrait saisissant de ce prodige du cinéma français des Trente Glorieuses qui fut à l'affiche de près de cent longs métrages. Plus de quarante ans après sa mort, et alors que la plupart de ses partenaires – réalisateurs et comédiens – l'ont rejoint au panthéon du cinéma, Ronet vivant est aussi le récit d'une certaine époque empreinte de liberté, d'un cinéma au charme désinvolte où l'on croise Alain Delon, Romy Schneider, Jeanne Moreau, Paul Gégauff, Jean Seberg, Monica Vitti... Un livre comme un tombeau, pour faire revivre le talent et la grâce de Maurice Ronet.